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Histoire(s)

​Une vingtaine d’artistes tunisiens, de différentes générations occupent les cimaises du Musée Safia Farhat, pour une première exposition collective, qui nous l’espérons initie un rendez-vous régulier en ces lieux.

 

Ce musée nouvellement créé vient enrichir le Centre des Arts Vivants de Radès d’une belle aire d’exposition conformément au vœu de sa fondatrice dont il porte le nom. Cet espace, dédié à l’art et à la culture, contribue à combler un manque au sein de la banlieue sud de Tunis en matière d’offre culturelle de proximité. De la même manière que les ateliers d’apprentissage artistique, pour les adultes et les enfants, installés depuis 1982, font désormais partie du paysage de la ville de Radès, le Musée pour lequel il est prévu une activité régulière et périodique, a la même prétention de pérennité et constitue un plus non négligeable dans le maillage culturel du territoire.

 

Tous les artistes sollicités pour cette première exposition, ont été appelés à réagir à l’argument suivant :

 

Histoire(s) est une exposition où chacun est appelé à convoquer un objet, une image, une personne, un plat, un vêtement, un évènement…bref, un morceau d’histoire, la sienne personnelle, la nôtre collective, et de la donner à voir et de l’investir avec les outils de l’art.

Depuis 2011 la Tunisie vit un profond changement politique et social et est agitée de nombreux soubresauts qui brouillent les repères des uns et des autres. Chacun se raccroche à ce qu’il peut et tous sont amenés à s’inventer de nouvelles marques et à faire avec le changement continuel, dans l’incertitude et les difficultés de la vie quotidienne. C’est dans ce cadre que les artistes (sensés avoir un regard décalé du réel) ont été sollicités à mettre en scène un propos plastique totalement libre, avec les repères qu’ils se sont forgés dans ce  maelström qui n’épargne personne.

Cette exposition intervient également à un moment de profonde mutation des  formes artistiques contemporaines, tant au niveau des modes d’expression, de l’ancrage des artistes, de la circulation des œuvres, que des règles du marché de l’art.

Il était donc attendu que la moisson des œuvres en présence soit plurielle, aussi bien au niveau du regard, que des outils convoqués. De la peinture, sous toutes ses formes, au dessin dans ses multiples déclinaisons, en passant par la sculpture, la photographie, la couture, la vidéo et les installations.

La très grande liberté qui caractérise ce qu’il est convenu d’appeler art « contemporain » (dans une acception de genre et non de chronologie) est différemment vécue par les artistes. Si tous sont forcément partis de préoccupations personnelles, certains ont joué le jeu d’explorer des formes nouvelles ; d’autres ont préféré adopter une facture plastique qu’ils ont déjà apprivoisée. Dans tous les cas la somme de leurs travaux mis côte à côte, rend compte d’une Histoire de l’art et des artistes tunisiens à un temps T (2018), qui dresse un état des lieux, problématique et formel, des expressions artistiques ici et maintenant.

Ainsi les petites histoires immanquablement personnelles des artistes, formulées à travers un foisonnement de « techniques mixtes », racontent la grande Histoire ; si jamais l’usage de la capitale est encore valide de nos jours. 

A travers toute cette diversité, l’immersion dans ces Histoire(s), ne peut manquer de faire apparaitre la part de dérision à l’égard du vécu dans certaines œuvres, et la dimension ludique et hédoniste qui a présidé à la conception de la plupart, dimension qui demeure le rempart le plus sûr face à l’incertitude du réel.

 

Aïcha Filali

Mars 2018

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